7.4.03

DIX SECONDES POUR UN ACCORD DE PAIX
Ce n'est pas que les médias américains qui ignorent l'actu des régions moins connues. La semaine passée, les factions de la guerre "civile" (et continentale) en République démocratique du Congo [RDC] ont signé un accord en Afrique du Sud. Cet accord prévoyait un gouvernement de l'union nationale, de futures élections et, bien entendu, une fin aux hostilités.

Selon le quotidien La Libre Belgique, "Quelques secondes ont suffi à la RTBF [télévision d'État belge] pour commenter l'accord signé le 1er avril à Sun City en Afrique du Sud entre le gouvernement Kabila et les factions rebelles. Un propos laconique. En guise d'images, une carte de la région. Est-ce à dire que l'événement ne valait pas le déplacement de journalistes ou une analyse a posteriori. Même si les armes se font toujours entendre à l'Est du Congo, dans la province de l'Ituri, cet accord est d'une portée symbolique forte pour les populations qui n'ont cessé de payer un lourd tribut aux différents seigneurs de guerre dans cette région d'Afrique centrale."
On se garde d'être sceptique envers cet énimème accord dit de paix. Cependant, cet épisode démontre bien la puissance des images. Quasi-impossible d'envoyer des journalistes et de l'équipment télévisuel à la jungle distante et isolée de l'Est congolais. Facile d'envoyer des journalistes où que soient deployés les troupes occidentaux. Les publics européens et nord-américains sont donc bien informés des problèmes de l'Irak ou du Kosovo ou de la Bosnie, mais presque pas du tout sur les 2 millions de morts en RDC attribuées (directement ou indirectement) à la guerre depuis le début de ce conflit il y a 5 ans.
On dit que le public occidental ne s'intéresse guère aux actu internationales tant que leurs siens n'y sont pas impliqués. Comment le public peut-il s'intéresser ou se désintéresser à une nouvelle qu'il ne sait même pas est train de sévir toute une région? Impossible de s'indigner d'un fait dont on est informé!

Le texte intégral de l'article se retrouve ici.