17.4.03

PENSÉES DU JOUR
Hier, mon père écoutait le téléjournal issu de la télévision d'État syrienne (rediffusé par la chaîne américaine CSPAN). Il a dit vouloir suivre "un autre point de vue." Son idée de s'informer est d'osciller entre un forme de propagande (télé de nouvelles américaine) à un autre, mais à chacun son goût. En tout cas, le reporter expliquait le désir du gouvernement syrien pour que l'occupation américaine prenne fin au plus vite et que la souverainité nationale irakienne fasse son retour aux Irakiens dans le plus bref délai. Ceci du pays qui mène une occupation effective du Liban voisin depuis un quart de siècle. Mais, les pays arabes (comme ces dictatures qui ne se soucient des abus de droits de l'homme que quand les victimes sont palestiniens) sont reconnus pour leur sens d'ironie.

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Tony Blair devrait se mettre en garde.

En fin 2001, nous Américains, on remerciait nos alliés européens de leur solidarité à la veille des attentants du 11 septembre. Les Français disaient "Nous sommes tous Américains" et nous leur remerciions d'avoir été appuyé la civilisation contre le mal. Quelques mois plus tards, le consensus des Européens ont participé à l'invasion de l'Afghanistan contre al-Qaeda soutenu par les Talibans. Les soldats français et allemands ont été aux côtés des troupes américaines en Afghanistan. Les hommes français et allemands DEMEURENT en Afghanistan pour lutter contre les ennemis des États-Unis. Ils étaient à notre côté contre ceux qui s'avéraient une grave menace à la sécurité américaine. Nous leur avons dit merci.

Mais cela ne contentait pas le président Bush. Il a décidé de lancer sa croisade contre un dictateur sanguinaire, mais un qui ne menaçait aucunement les États-Unis. Même le président Bush lui-même n'a pas traité l'Irak de menace immédiate. Sauf que l'Irak risquait d'être une menace possible et hypothètique d'ici un an, cinq ans ou cent ans. Plusieurs pays dont la France et l'Allemagne s'indignaient contre cette aventure impériale. Ils étaient avec nous lorsqu'il s'agissait de notre sécurité mais contre nous lorsqu'il ne s'agissait pas de menance imminente. Ceux qui ont lutté si vailliamment avec nous en Afghanistan sont devenus vauriens et appaiseurs chez les néo-conservateurs américains. Je me demande combiens de soldats français et allemands ont donné leur vie pour ces ingrats.

Tony Blair était avec nous parce qu'il s'est fait convaincu que l'invasion de l'Irak aurait été un bonne idée. Les néo-conservateurs n'ont cessé de vanter les qualités du premier ministre britannique. Un grand homme, insisitaient-ils, un véritable homme d'État. Le Churchill du 21e siècle, selon eux.

Mais si Blair s'oppose à la prochaine aventure impériale de Bush? Vous pouvez vous assurer qu'il sera placé carrément du camp 'ingrat' avec Chirac et de Villepin. Il passera du Churchill du 21e siècle au Chamberlain.

Déjà, des tensions s'installent au sein de l'alliance américo-britannique. Blair, l'internationaliste, insiste sur un rôle central à l'ONU dans la reconstruction de l'Irak. Il comprend que ce rôle confierait une legitimité à l'intervention et contrerait les accusations faite par ceux, y compris moi, que l'invasion était une aventure impériale dont la fin était la conquête économique du pays et de la région.

Mais Tony Blair devrait se mettre en garde. Il est le chou-chou des faucons à Washington aujourd'hui, mais cela risque de changer du jour au lendemain. Ce changement est presque certain.