21.4.03

LE 'VIOL POLITIQUE' DES ÉTATS-UNIS
Le week-end dernier, j'écoutais une entrevue fascinante du service anglais de la BBC avec une députée britannique. En tant que Catholique et Démocrate libérale (la démocratie sociale avec un courant libértaire), la députée a parlé de la relation entre la religion et la politique.

Selon elle, les attentats du 11 septembre 2001 furent 'un viol politique' des États-Unis. Je n'ai jamais pu bien m'exprimer aux étrangers sur la profondeur des effets du 11/9/01 sur l'esprit américain. Sa phrase 'le viol politique' est la meilleure brève explication de l'impact psychologique des attentats.

C'était le choc et la honte. Pour la première fois, le géant américain connaissait des risques. Les Américains se sentaient toujours à l'abri de tout danger, innoculés de l'influence des puissances étrangères... du moins depuis la guerre de 1812 contre les Britanniques. Le sentiment de vulnerabilité nous est novateur et on y réagit par le seul moyen qu'on a maîtrisé: militairement. On ne joue pas bien ensemble. On ne fait pas bien la diplomatie. On fait bien la guerre. Les Américains se sentaient violés et puis on se fâche. Quelque soit la cible. Le fait que Saddam n'a rien à voir avec Oussam (celui qui nous a réellement 'violé') n'importe. On se sent d'avoir écarté celui qui auraient pu potenitellement nous violer d'ici 1 ou 5 ou 100 ans.

C'est pourquoi les Européens ne comprennent pas notre hyper-réaction. Des pays tels la G-B, la France et l'Espagne vit le terrorisme depuis les décennies. Ils n'envahissent pas des pays choisis par hasard.

Dans les années 90, une vague de terrorisme islamiste algérien a secoué la France. Lorsque les États-Unis a proposé l'invasion de l'Afghanistan, ils ont invoqué la clause de défense collective du chartre de l'OTAN. Mais dès que la France souffrait des attentants habituels, elle n'a jamais invoqué cette clause. Elle n'a jamais proposé une invasion pour imposer un 'changement de régime' à Alger. Selon la France, les attentants étaient des crimes et non un incident international.

La France a vu ces attentants comme du crime organisé violent. Les États-Unis ont vu le 11 septembre comme un 'viol politique.' Ceci commence à expliquer les voies divérgentes que les deux pays ont abordé ces problèmes (sans oublier que la guerre d'Algérie a sans doute eu un impact sur la mémoire collective française).

Il vaut la peine de noter qu'en dépit de ces différences, la France, si méprisée par certains Américains petits en esprit, a non seulement appuyé sans abiguïté notre invasion de l'Afghanistan, elle y a envoyé des troupes. Il est grand temps que nous Américains cessons de cracher sur nos amis. Faute de quoi on risquera de n'en avoir plus!