23.7.03

LES AMERICAINS APPRENENT LES PERILS DE L'EMPIRE
Chaque jour, semble-t-il, la une fait état d'un soldat américain tué en Irak. Ou plusieurs. Cette plainte est de plus en plus répandue au sein de l'opinion publique américaine qui apportait jadis un appui à la conquête de l'Irak qui paraissaient indéfatiguable. Ce sentiment me stupifie. ILS S'ATTENDAIENT A QUOI?!

Je l'avais dit à maintes reprises, tant avant la guerre qu'après. Maintenir un empire est une affaire périleuse et coûteuse. Je ne suis ni gourou de science politique ni visionnaire ni voyant. Mais l'histoire nous démontre que l'empire est périleux et coûteux. C'est pourquoi les Européens s'en sont débarrassés. Pourquoi mes concitoyens croyaient-ils exempts du cours de l'histoire?


La raison est ceci. Les Américains sont un peuple doté d'une suprême confiance en soi. On croit pouvoir tout faire. Que les leçons du passé ne s'appliquent pas à nous. Que c'est à nous d'inventer une histoire à nous. C'est pourquoi on est devenu un grand pays. Mais tout comme les grands hommes, les grands pays abritent les graines de leur auto-déstruction. Ces graines se retrouvent à l'intérieur des mêmes qualités qui les ont rendus grands. C'est l'ironie de la grandeur. La confiance en soi est essentielle pour faire du progrès. L'orgueil y est nuisable. La distinction entre les deux n'est pas toujours évidente.

A cause de son optimisme, les Américains croyaient que la conquête de l'Irak serait rapide, facile et sans grande douleur. Au niveau intellectuel, on savait que certains gens (ie: nos soldats) mouriraient mais on l'acceptait... tant qu'on croyait à la fin rapide de la guerre.

Mais à cause de notre suprême confiance en soi, on se laissait emporter par des attentes irréalistes. L'intervention n'allait jamais être de courte durée. Oui, la guerre allait être rapide. Mais l'occupation et la reconstruction avaient toujours la quasi-certainté d'être problématiques, compliquées et dangereuses. Aujourd'hui, les Américains découvrent combien elles le sont. Et ils ne l'aiment pas. Ces attentes irréalistes du début sont vite tournées à la deception, à la frustration et à la colère.

Or, la situation dans laquelle on (ie: les troupes américaines) se retrouve était entièrement prévisible. Mais auparavant, on ne voulait pas voir. On voulait croire au mieux. Une qualité admirable mais pas toujours sage.

Les ados font des choses bêtes puisqu'ils sont têtus et se croient invulnérables. Les Américains sont pareils, parce qu'aucune puissance militaire ne peut concurrencer la nôtre. Mais les ados apprennent leur vulnerabilité lorsqu'ils conduisent trop vite et écrasent la voiture. Et les Américains commencent à apprendre leurs limites aussi, que tous les problèmes ne peuvent pas être résolus par les obus, les bombes et la technologie destructrice. Pour certains problèmes, il faut des solutions plus nuancées, plus complexes. Pour nous Américains, c'est non seulement qu'on ne fait pas bien la subtilté, on ne y voit aucune valeur. L'apprendre nous impose...

22.7.03

GOUVERNEURS REGIONAUX CONTRE LE RECHAUFFEMENT PLANETAIRE
Un article intéressant de Salon.com portait sur la lutte contre le rechauffement planétaire. Selon l'article, 'dans un reproche embarassant à la Maison blanche, un groupe de gouverneurs, tant républicains que démocrates, embrassent les accords de Kyoto.'

Précisément, des gouverneurs issus du nord-est américain comptent annoncer un accord qui réduirait les émissions de gaz à effet de serre provenant des céntrales et mettrait sur pied de strictes limites au CO2. Cet accord serait un pas en avant très important dans la lutte contre le rechauffement planétaire, et serait particulièrement courageux de la part des gouverneurs républicains sur qui la Maison blanche met une pression immense de ne pas y participer.

Plutôt d'attendre le drôle de (non-)programme d'énergie du président Bush, ces gouverneurs décident d'agir. C'est ça le fédéralisme!

Bien qu'il ne s'agisse que d'une poignée d'États, c'est capital. S'ils formaient une nation, la Nouvelle-Angleterre, le New York et le New Jersey serait le 8e émetteur mondial des gaz à effet de serre, selon l'article. L'État de New York, à lui-seul, aurait la 8e économie mondiale. Si ces États réussiront à réaliser ce programme, ce serait un grand reproche à l'administration et ses alliés dans le pétrole.

De plus, une réussite démystifierait l'argument anti-Kyoto selon qui une réduction de pollution détruirait l'économie. En fait, ceux qui embrassent les réductions et y adaptent en profiteront! L'article ajoute 'Mieux, ceux qui mettent en oeuvre ses nouvelles technologies sont susceptibles de tirer d'énormes bénéfices économiques -- entreprises novatrices, augementations du nombre d'emplois et amélioration de la qualité de vie.'

D'après les critiques, l'apparente exemption de la Chine et de l'Inde rend Kyoto inutile. Bien qu'elles soient derrière les États-Unis, de loin, on ne devrait pas les oublier. Mais on pourra s'en occuper plus tard. Je n'habite pas la Chine ni l'Inde. J'habite l'État de New York. Je respire l'air de l'État de New York. Qu'on se comporte en leader. Qu'on démontre que un environnement naturel en bonne état est bénéfique non seulement à notre santé physique mais aussi à notre santé économique.

L'excellent article, en anglais, se retrouve ici.

8.7.03

FERMER LA BOITE DE PANDORE
Hier, je lisais un article du Monde intitulé ‘La seconde pacification de l’Afrique.’ Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères, a opiné que [l]a chute du mur de Berlin, ouvrant les portes d’un monde nouveau, n’a pas entraîné la pacification attendue de l’Afrique.

Selon le ministre de Villepin, les guerres et l’instabilité de l’Afrique, à partir de l’ère des indépendances (~1958-1965) jusqu’à l’effondrement du bloc sovétique (1989-91), auraient ete liées à la lutte Est-Ouest. Personne ne sait comment les nouveaux Etats africains se serait dévéloppés sans l’ingérence occidentale et communiste. Mais sans doute, cette ingérence néfaste a anéanit toute possibilité d’un bon déroulement pour le continent africain.

Néanmoins, cette attente exprimée par M. Villepin témoigne ou d’une naïveté étonnante ou d’une ignorance volontaire. Pendant 30 ans, les puissances étrangères minent l’harmonie à travers le continent, appuyent ou même imposent des coups d’Etat, interviennent militairement pour protéger leurs intérêts économiques et subventionnent des armées gouvermentales ou rebellions. S’attendre à ce que l'effondrement du bloc soviétique fasse disparaître trois décennies d’instabilité, c’est d’oublier que de tels conflits aient tendance a s’autopropager. M. de Villepin est comme le père qui donne à son enfant beaucoup de Coca-Cola le soir et se fâche lorsque l’enfant refuse de s’endormir la nuit.

Je crois que les commentaires du ministre relèvent plutôt d’une ignorance volontaire dont le but est de blanchir la complicité du gouvernement français en contribuant au désastre qu’est l’Afrique sud-saharienne. Sans doute le Royaume-Uni et, à un niveau inférieur, les Soviétiques, Belges et Américains ont joué leur rôle, mais la culpabilité française est de loin la plus importante.

Les alliances politiques, surtout celles avec les dictatures, reposent presque toujours sur des intérêts immédiats sans rendre compte des conséquences potentielles et inattendues à moyen et longue terme. Cela devrait servir d’encore un autre avertissement sur l’ouverture des boîtes de Pandore.

2.7.03

WASHINGTON A L’AFRIQUE DU SUD: A BAS L’ETAT DE DROIT!
La coopération militaire entre les Etats-Unis et une trente-cinquaine de pays est devenue victime d’une dispute qui oppose Washington à la Cour pénale internationale (CPI). Les pays ont refusé d’exempter les troupes américains de l’autorité de la CPI. Washington craint que la cour ciblera les soldats américains dans des poursuites politiques, cela malgré les nombreux sauveguardes qui rend presqu’impossible une telle éventualité.

D’autres craignent que la CPI ne mine la compétence de la justice nationale, mais cette peur est infondée. La CPI n’entrerait en scène que si les autorités nationales refusent ou sont incapables de poursuivre un dossier. L’ONG Coalition pour la CPI souligne:


14. La Cour Pénale Internationale est –elle supérieure aux juridictions nationales?
La Cour Pénale Internationale n’est pas supérieure, mais sera complémentaire aux juridictions nationales. Les tribunaux nationaux auront la priorité pour enquêter et poursuivre les crimes qui tombent sous leur juridiction. Selon le principe de complémentarité, la Cour Pénale Internationale n’agira que lorsque les tribunaux nationaux n’ont pas la capacité ou n’ont pas la volonté d’exercer leur compétence. Si un tribunal national a la capacité ou la volonté d’exercer sa compétence, la Cour Pénale Internationale ne peut pas intervenir et aucun ressortissant de cet Etat ne peut être conduit devant elle. Les bases pour qu’une affaire soit admise devant la Cour sont spécifiées dans le Statut et les circonstances qui gouvernent l’incapacité ou l’absence de volonté d’un Etat sont soigneusement définies afin d’éviter toute décision arbitraire ou fantaisiste. De plus, l’Etat accusé et intéressé, qu’il soit Partie au traité ou non, peut contester la compétence de la Cour ou la recevabilité de l’affaire. Ils ont également le droit de faire appel de toute décision y relative.



Pour vous informer davantage de la conduite réelle de la CPI, lire http://www.iccnow.org/documents/iccbasics/Q&AMar2003Frn.doc

En tout cas, l’administration Bush a décidé de suspendre la coopération militaire avec plusieurs dizaines de pays, dont: l’Afrique du Sud, la Croatie, la Serbie-et-Montenegro (ancienne Yougoslavie), le Malawi, le Mali et la Zambie. Tous ces pays luttent vaillamment pour se sortir d’une histoire récente qui inclut: dictature brutale, gros abus de droits de l’homme, nettoyage ethnique et/ou corruption massive.

Compte tenu de cette sombre histoire, Washington veut-il les punir pour respect de l’Etat de droit (soit-il international)? Désire-t-il vraiment dire à ces pays que l’immunité/impunité est non seulement acceptable, mais impérative?